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(ABC Bourse) - C’est une scène parlementaire que peu attendaient en cette fin d’année : la réforme des retraites, pilier contesté du quinquennat, est suspendue. Mercredi, l’Assemblée nationale a adopté cette mesure lors de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026. En première lecture, 255 députés ont voté pour, contre 146.
Cette suspension constitue une concession politique majeure du Premier ministre Sébastien Lecornu au Parti socialiste, destinée à éviter une motion de censure. Ce compromis, présenté comme une "victoire" par les socialistes, divise à gauche, où La France insoumise (LFI) dénonce une simple manœuvre dilatoire. "Voter pour le décalage de la réforme des retraites, c'est voter pour la retraite à 64 ans. Les Insoumis ne valideront jamais par leur vote les deux années de vie volées au peuple de France", a lancé Mathilde Panot dans l’hémicycle.
Qui a voté quoi et pourquoi ?
Le Rassemblement national, qui s’oppose depuis le départ à cette réforme, a voté en faveur de la suspension. Côté majorité présidentielle, le groupe Ensemble pour la République s’est abstenu. "Nous ne voulons pas nous mettre en travers du compromis", a déclaré Gabriel Attal, président du groupe.
Du côté de la droite, le groupe Droite républicaine a voté contre. Ce résultat met en lumière les fractures persistantes sur un sujet explosif, à seulement deux ans de la présidentielle.
Qui est concerné, combien ça coûte, jusqu’à quand ?
Initialement réservée aux retraités de droit commun, la suspension a été élargie par un amendement gouvernemental aux carrières longues ainsi qu’aux catégories actives et super-actives de la fonction publique, incluant donc les métiers jugés les plus pénibles.
D’après le ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou, le coût atteindra 300 millions d’euros en 2026 et 1,9 milliard d’euros en 2027. Le financement proviendra d’une hausse de 1,4 point de la CSG sur le patrimoine. "Il y a 1,4 point de CSG supplémentaire qui rapporte 2,7 milliards donc je pense que ce financement complémentaire sera de nature à être utilisé", a-t-il précisé sur France 2. "Cela permettra de financer la suspension de cette réforme jusqu'au 1er janvier 2028", a-t-il ajouté.
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En séance, le ministre a défendu cette parenthèse législative comme une respiration nécessaire. "Le temps de la suspension est un temps qui doit être utile au dialogue social, au débat démocratique", a-t-il déclaré devant les députés.
Et maintenant ? Une pression sociale et politique
Le calendrier reste tendu. Les députés doivent encore voter la partie "dépenses" du PLFSS, avant de se pencher de nouveau sur le projet de loi de finances, suspendu depuis le 3 novembre. La date butoir est fixée au 23 novembre.
Dans ce contexte d’horaires parlementaires compressés, la CGT entend peser. Mercredi, Sophie Binet a appelé à une mobilisation nationale. "Le 2 décembre, on sera dans la séquence décisive pour la discussion sur ce budget, il faut absolument que les travailleuses et les travailleurs soient de la partie pour que le débat budgétaire soit sous la pression de la mobilisation", a-t-elle martelé sur BFMTV.
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