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Marché: Pourquoi ne faut-il pas avoir peur de frapper à la porte des marchés juste après Halloween?
samedi 1 novembre 2025 à 09h27
(BFM Bourse) - Pendant du "sell in may and go away" ou "vends en mai et va-t'en", le "Halloween effect" implique que la période allant de novembre à avril offre le plus fort potentiel de hausse sur les marchés financiers.
Des bonbons et autres douceurs sucrées, un déguisement et un bon film d'horreur, voici l'attirail classique pour passer une bonne soirée d'Halloween. Aux Etats Unis, les dépenses devraient atteindre un niveau record de 13,1 milliards de dollars et représenter 114 dollars par Américain, indique John Plassard, associé et responsable de la stratégie d'investissement chez Cité Gestinà l'antenne de BFM Bourse ce vendredi 31 octobre.
D'autant plus que cette année, remplir ses seaux en forme de citrouille de traditionnels bonbons et autres douceurs chocolatées coûtera près de 40% plus cher qu'en 2024,rapporte NBC, à cause de l'envolée des cours du cacao.
Pour les investisseurs, la traditionnelle panoplie d'Halloween se garnit aussi d'un portefeuille d'actions bien choisi. Et l'opération sera encore plus belle si les plus-values parviennent à compenserl'envolée des prix des douceurs sucrées et cacaotées.
La croyance veut en effet qu’il convient de s’abstenir en Bourse à compter du 1er mai avant de réinvestir à partir de la veille du 1er novembre et donc le jour d’Halloween. Acheter des actions à la veille de la Toussaint pour les vendre six mois plus tard génère une performance anormalement élevée,tandis que la période de mai à octobre caractérisée par l'adage "Sell in may and go away" ou ("vends en mai et va-t'en"),aboutit la plupart du temps à une performance sinon négative, du moins significativement inférieure au rendement des actifs sans risque.
Et en cette fin du dixième mois de l'année, cette question revient naturellement sur le devant de la scène. Histoire de bien boucler l'année et de surfer sur un mois d'octobre faste sur les marchés, qui souffre d'une réputation sulfureuse,due notamment aux krachs de 1929 et 1987.
À Paris, leCAC 40, qui a gagné 2,85% à la clôture de vendredi soir,a aussi inscrit un nouveau record à 8.271,48 points, le mardi 21 octobre.
À, Wall Street, l'euphorie autour de l'intelligence artificielle a permis aux valeurs technologiques et par ricochet, aux principaux indices américains d'inscrire de nouveaux records ce mois-ci.Mardi 28 octobre, Apple a franchi pour la première fois les 4.000 milliards de dollars de capitalisation boursièreet le lendemain,Nvidia a dépassé, pour sa part, le seuil des 5.000 milliards de dollars, un record absolu.
Cette saisonnalité n'a pas échappé à deux universitaires, qui ont testé l'effet "Halloween/Sell in May" sur l'échantillon d'indices le plus important jamais recueilli, et leur conclusion est claire: investir à Halloween et prendre ses profits en mai rapporte 4% de plus qu'une stratégie consistant à détenir indéfiniment ses titres. Les professeurs Zhang Yi de la Nottingham University Business School (Chine) et Ben Jacobsen de TIAS Business School (Pays-Bas),ont travaillé sur rien de moins que la totalité des données de marché disponibles, une première dans le monde.
Leur échantillon commence en 1693 avec la Bourse de Londres et comprend jusqu'au plus récent des indices, celui du marché rwandais inauguré en 2013, soit 114 marchés au total et plus de 63.000 mois de performances boursières à décortiquer...Et le résultat est surprenant par son ampleur puisqu'ils n'ont identifié qu'un seul marché -la Bourse de l'Ile Maurice - présentant sur la durée un rendement supérieur pendant la période estivale.
"Ces analyses signalent que pour 65 marchés développés et émergents, les rendements moyens des marchés boursiers pour les six mois qui suivent Halloween se sont établis à environ 8,5 % par an. Les rendements des six autres mois de l'année de mai à octobre n’auraient qu’un rendement moyen de seulement 2,1%", rappelait John Plassard en octobre 2024.
Ainsi, sur une période de dix ans, un investisseur a 90% de chances de faire mieux que la moyenne du marché en suivant une stratégie d'achat à Halloween, remarquent les deux chercheurs. Les études de Zhang et Jacobsen concluent que "l’effet Halloween" est particulièrement visible dans les marchés les plus actifs et les plus liquides, comme aux États-Unis et dans les marchés développés.
Pourtant, cet effet "Halloween" contredit le cœur de la théorie moderne des marchés financiers: l'hypothèse d'efficience qui voudrait qu'aucune martingale ne permette de battre les indices sur la durée, c'est-à-dire d'enregistrer des performances significativement supérieures à la moyenne à long terme.
La saisonnalité joue en faveur des investisseurs, novembre et décembre ont toujours été des mois favorables pour les actions, en particulier lorsque le S&P 500 affiche une hausse de 15% à l'approche de la fin de l'année, rappellentRyan Detrick et Sonu Varghese stratégistes chez Carson Group.
John Plassard estime qu'il ne faut pas avoir "peur" de l'effet Halloween et rappelle à son tour cette saisonnalité des performances des grands marchés développés, dont les États-Unis.
"Sur dix ans, cette stratégie aurait 90 % de chances de surperformer le traditionnel “buy and hold” ("acheter et conserver"). Étonnamment, même après sa découverte, cet effet continue de fonctionner, preuve que les comportements saisonniers restent ancrés dans les marchés", explique le spécialiste de marché qui rappelle les conclusions de l'étude de Zhang et Jacobsen.
Il prend comme exemple le comportement du S&P 500 sur les 120 dernières années: "En 120 ans, l'indice Dow Jones a reculé à 38 reprises au cours des six mois suivants Halloween. Soit une probabilité de succès d’environ deux sur trois", indique-t-il.
Cet effet est aussi observé sur le Nasdaq 100, riche en valeurs technologiques, qui a généralement enregistré de fortes performances entre le 31 octobre et le 1er mai, ce qui correspond bien à la stratégie d'Halloween,rappelle le média ccn.com.
Par exemple, du 31 octobre 2019 au 1er mai 2020, l'indice a connu une hausse remarquable d'environ 23%. De même, l'année suivante, l'indice a gagné environ 27% au cours de cette même période de six mois, avance ccn.com.
Alors faut-il trembler à l'idée de profiter du plus fort potentiel de hausse sur les marchés financiers?Pour les experts d'Expat Weath at Work, l'histoire des marchés financiers montre qu'une stratégie disciplinée l'emportent sur des décisions basées sur l'émotion. "La meilleure stratégie à adopter pendant la saison d'Halloween sur les marchés boursiers repose sur des principes solides plutôt que sur des craintes saisonnières", font-ils valoir.
Pour John Plassard, Halloween n’est pas qu’une fête des fantômes : c’est un indicateur de confiance, un moteur de la dépense et, peut-être, un signal boursier.
"Alors, ce soir (vendredi 31 octobre, NDLR), pendant que les enfants frapperont aux portes pour réclamer des bonbons, certains investisseurs, eux, pourraient bien frapper… à la porte des marchés. Après tout, pourquoi avoir peur d’Halloween quand elle rapporte ?!", conclut-il.