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(Actualisation: déclarations du président de la Fed,
prévisions pour 2026, éléments de contexte.)
(Agefi-Dow Jones)--La Réserve fédérale (Fed)
américaine a comme prévu abaissé ses taux directeurs d'un
quart de point mercredi pour soutenir un marché de l'emploi en
perte de vitesse outre-Atlantique, mais s'est montrée optimiste
pour la croissance l'année prochaine.
La banque centrale a ramené son principal taux directeur dans une
fourchette comprise entre 3,5% et 3,75%, se rapprochant un peu plus du
niveau considéré comme neutre, qui ne stimule ni ne freine
l'économie.
Après les baisses de taux de même ampleur décidées
en septembre et octobre, le comité de politique monétaire
(FOMC) s'est toutefois montré divisé: deux de ses membres ont
voté en faveur du statu quo, tandis qu'un troisième, Stephen
Miran, proche de Donald Trump, s'est prononcé pour une baisse plus
prononcée, d'un demi-point de pourcentage.
"Les indicateurs disponibles suggèrent que l'activité
économique a connu une croissance modérée. Les
créations d'emplois ont ralenti cette année, et le taux de
chômage progressé jusqu'en septembre", a déclaré la
Fed dans un communiqué pour expliquer sa décision, en
précisant que les indicateurs plus récents pointaient une
poursuite de cette tendance. "L'inflation a augmenté par rapport au
début de l'année et reste quelque peu élevée",
précise le communiqué.
Cette séquence peu porteuse de ralentissement de l'activité et
de tensions persistantes sur les prix pourrait toutefois faire place
à une embellie l'année prochaine, selon les projections mises
à jour mercredi. Les membres de la banque centrale anticipent en
moyenne une croissance du PIB américain de 2,3% en 2026, au lieu de
1,8% en septembre dernier.
"La consommation s'est montrée résiliente" et les
dépenses dans les data centers et l'intelligence artificielle
"soutiennent l'investissement des entreprises", a souligné le
président de la Fed, Jerome Powell, lors de sa traditionnelle
conférence de presse. "Dans l'ensemble, la prévision centrale
pour l'année prochaine (...) est une accélération de la
croissance par rapport au niveau actuel relativement bas de 1,7%",
a-t-il ajouté.
Cette croissance ne se traduira pas nécessairement par de fortes
créations d'emplois, a toutefois prévenu la Fed, qui table
toujours sur un taux de chômage de 4,4% fin 2026, contre 4,5% fin
2025. L'inflation mesurée par l'indice PCE est pour sa part
attendue à 2,4% l'année prochaine, contre 2,6% en septembre.
Dans ce contexte, les décideurs de la Fed se montrent partagés
sur la marche à suivre en matière de taux d'intérêt.
La prévision médiane communiquée mercredi implique une
seule baisse de taux supplémentaire en 2026, conformément au
scénario retenu en septembre, mais huit membres du FOMC anticipent
au moins deux réductions d'un quart de point.
"Nous sommes bien positionnés pour attendre de voir comment
l'économie évoluera à partir de maintenant", a
commenté Jerome Powell.
+La Fed reprend ses injections de liquidités+
L'incertitude sur l'évolution de la politique monétaire
américaine devrait perdurer, alors que le mandat de Jerome Powell
à la tête de l'institution prendra fin en mai prochain. Le
conseiller économique de la Maison-Blanche, Kevin Hassett, qui fait
figure de favori pour lui succéder, s'est dit favorable à de
plus amples baisses des taux, mais a également affirmé qu'il
préserverait la Fed des tentatives d'ingérence politique.
Le président américain, Donald Trump, qui réclame depuis
sa réélection d'importantes baisses de taux pour stimuler la
croissance, a fait savoir qu'il nommerait le prochain président de
la Fed début 2026.
Pour assurer la bonne mise en oeuvre de sa politique et prévenir un
assèchement des liquidités dans le système financier, la
Fed a par ailleurs annoncé mercredi la reprise de ses achats
d'obligations du Trésor à court terme. Le montant de ces
rachats de titres a été fixé à 40 milliards de
dollars pour décembre et devrait ensuite être réduit dans
le courant de 2026.
Cette mesure technique vise à stabiliser le marché
interbancaire après de récents épisodes de
volatilité et ne constitue pas un véritable assouplissement
quantitatif (QE) à travers le rachat d'obligations à long
terme. Elle marque tout de même un revirement pour la Fed, qui
cherchait jusqu'à début décembre à réduire la
taille de son bilan.
+Le "shutdown" limite la visibilité+
Si la Fed ne navigue pas totalement à vue, le "shutdown" l'a
privée cet automne de plusieurs statistiques majeures pour prendre
ses décisions. Les indices de prix CPI et PCE pour le mois de
novembre ne seront publiés que la semaine prochaine aux Etats-Unis,
de même que le rapport de novembre sur l'emploi, initialement
attendu début décembre. Les principales données sur
l'emploi et l'inflation en octobre n'ont pas été publiées
et ne le seront vraisemblablement jamais.
En septembre, l'indicateur d'inflation privilégié par la Fed a
fait apparaître une hausse des prix de 2,8% sur 12 mois. Ce niveau
reste supérieur à la cible officielle de 2% par an, mais n'a
pas connu de nette accélération ces derniers mois, malgré
l'entrée en vigueur des droits de douane voulus par
l'administration Trump. Dans cette situation, la Fed a jugé qu'elle
pouvait se montrer plus accommodante pour soutenir l'activité
économique sans prendre le risque d'un nouveau dérapage des
prix.
Le dernier rapport officiel disponible a fait état de 119.000
créations nettes d'emplois en septembre aux Etats-Unis, soit
davantage que prévu après le fort ralentissement observé
durant l'été. Depuis, plusieurs indicateurs ont toutefois
pointé une dynamique atone, marqué par de faibles embauches et
des licenciements également limités. L'enquête menée
par ADP et Moody's a relevé 32.000 destructions nettes d'emplois
dans le secteur privé en novembre, après 47.000 créations
en octobre. La dernière enquête du département du Travail
sur les offres d'emplois a pour sa part relevé une légère
progression des licenciements cet automne dans un marché de
l'emploi globalement inchangé depuis l'été.
Mercredi, Jerome Powell a cependant estimé que le risque d'erreur
dans les statistiques officielles sur l'emploi persistait, après
les fortes révisions à la baisse de ces dernières
années. "Cela sera corrigé", a-t-il indiqué, en jugeant
que les chiffres mensuels des créations d'emplois pouvaient
être surestimées de 60.000.
Agefi-Dow Jones The financial newswire
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